La route reliant Gagnoa à Mahibouo a été le théâtre d’un braquage spectaculaire dans la nuit du lundi 23 juin 2025. Un groupe de six individus lourdement armés a intercepté un camion transportant 22 sacs de cacao de 100 kg chacun, soit 2,2 tonnes de fèves destinées à la commercialisation. L’attaque s’est produite à seulement 500 mètres du corridor de sécurité de Mahibouo, suscitant stupeur et inquiétude au sein des usagers de cet axe pourtant jugé sous contrôle.

6 hommes armés surgissent de la brousse

Il est environ 20h30 lorsque S. Adama, 23 ans, chauffeur du camion KIA FUSIO bleu et blanc, roule tranquillement en direction de Gagnoa en compagnie de son apprenti, K.Y. Sylvain, âgé de 20 ans. Soudain, à la sortie du premier corridor de Mahibouo, six hommes armés de kalachnikovs surgissent de la brousse. Dans une manœuvre éclair, ils forcent le conducteur à stopper son véhicule.

Pris de panique, l’apprenti saute immédiatement du camion et s’enfuit à travers la végétation dense, échappant de justesse aux agresseurs. Son geste instinctif lui sauvera la vie. Le chauffeur, lui, n’a pas cette chance. Violemment maîtrisé, il est ligoté puis emmené de force à moto, en direction de la brousse, loin du lieu de l’embuscade.

Les malfaiteurs prennent le contrôle du camion et disparaissent avec leur butin

Pendant ce temps, les malfaiteurs prennent le contrôle du camion et disparaissent avec leur butin : les 22 sacs de cacao, les documents du véhicule et les téléphones portables des victimes. Aucune trace, aucun indice visible. Une opération nette, rapide et méticuleusement orchestrée.

Ce n’est que bien plus tard dans la nuit que le conducteur S. Adama parvient à se libérer de ses liens. Choqué et affaibli, il regagne la route principale où un motard providentiel le conduit d’urgence au Centre hospitalier régional (CHR) de Gagnoa pour y recevoir les premiers soins. Son apprenti, réapparu quelques kilomètres plus loin après sa fuite à travers la forêt, contacte aussitôt leurs employeurs pour signaler le braquage.

Une disparition qui interroge

Alertées vers 22h, les forces de sécurité se déploient rapidement sur la zone. Mais les braqueurs se sont évaporés dans la nature, sans laisser la moindre trace du camion ni du cacao. Une disparition totale, à proximité immédiate d’un poste de sécurité, qui interroge.

Comment un camion de plusieurs tonnes a-t-il pu quitter la zone sans être repéré, alors qu’un corridor se trouve à moins de 500 mètres ? Comment les agresseurs ont-ils pu neutraliser si efficacement leurs victimes sans éveiller le moindre soupçon ? La possibilité d’une complicité interne, voire d’un repérage en amont, est désormais au cœur des investigations.

En attendant les résultats de l’enquête, ce braquage jette une lumière sur la fragilité de la sécurité sur certaines routes rurales, même celles placées sous surveillance. Il relance aussi la question de la traçabilité des cargaisons agricoles de valeur, comme le cacao, première richesse d’exportation de la Côte d’Ivoire.

Adolphe ANGOUA